Bulletin n. 1/2012
June 2012
CONTENTS
  • Section A) The theory and practise of the federal states and multi-level systems of government
  • Section B) Global governance and international organizations
  • Section C) Regional integration processes
  • Section D) Federalism as a political idea
  • Déren Jean-Arnault
    Balkans, la fin du rêve européen
    in Monde Diplomatique (Le) , mars ,  2012
    La Croatie deviendra, le 1er juillet 2013, le vingt-huitième Etat membre de l’Union européenne. Les électeurs ont approuvé le 22 janvier l’adhésion de leur pays. Si le « oui » a remporté près de 67 % des suffrages, la très faible participation (43 % des inscrits) limite la portée de ce vote. En réalité, c’est sans enthousiasme que les Croates s’apprêtent à rejoindre l’Union. Laquelle a perdu beaucoup de son attrait dans tous les pays de la région. « Nous allons entrer dans une Union européenne qui est en train de vivre la plus grave crise de son histoire, une Europe néolibérale et archibureaucratisée, malgré son vernis de démocratie », s’indigne M. Mate Kapovic. Ce jeune linguiste, qui achève sa thèse à l’université de Zagreb, était l’une des voix les plus influentes de l’opposition de gauche à l’intégration de la Croatie dans l’Union européenne. Le pays s’est engagé il y a plus de dix ans dans le processus menant à l’adhésion. Longtemps, la plupart des critiques émanaient des milieux nationalistes. Ceux-ci dénonçaient les risques d’une perte de souveraineté et l’obligation de coopération avec la justice internationale, qui se solderait par l’arrestation et le jugement de « héros » de la guerre d’indépendance — sans oublier les secteurs les plus conservateurs de l’Eglise catholique, hostiles à une Europe voulant « imposer » le droit à l’avortement ou la légalisation du mariage homosexuel. Pour la droite nationaliste, la Croatie n’aurait rien à gagner à troquer ainsi l’ancienne « dépendance » envers Belgrade contre un nouvel « assujettissement » à Bruxelles. Ces courants demeurent influents ; ils l’ont encore rappelé lors de la condamnation à vingt-quatre années de prison de l’ancien général Ante Gotovina par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), en avril 2011. Toutefois, le développement d’une critique de gauche de l’intégration européenne a été la nouveauté politique de ces dernières années. En Croatie, comme dans les autres pays des Balkans, l’opposition à l’Europe libérale est même le creuset d’une nouvelle gauche radicale, qui s’est illustrée durant les manifestations de l’hiver 2010-2011. Chaque soir, des milliers de personnes battaient alors le pavé des grandes villes croates en dénonçant aussi bien la corruption de la droite conservatrice, alors au pouvoir, que la « dictature du capital ». Les appels à manifester circulaient sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, le mouvement refusant toute structuration et toute hiérarchie.
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